lundi 27 octobre 2008

Theodor Adono


Theodor Ludwig Wiesengrund-Adorno, communément appelé Theodor Adorno, est un philosophe, sociologue, compositeur et musicologue allemand. Il a été l'élève en composition musicale de Alban Berg et membre de l'école de Francfort, au sein de laquelle a été élaborée une théorie critique.

Il est né d'un père issu d'une famille juive convertie au protestantisme et d'une mère de confession catholique, d'origine italienne.
Il commence très tôt à écrire des essais sur la musique, influencé par Hegel, Marx et Max Weber.

Ses écrits philosophiques, dès les années d'exil aux États-Unis durant la période nazie, se fondent sur une critique de l'Aufklärung (les Lumières). Comment la barbarie a-t-elle été rendue possible au XXe siècle au sein d'une civilisation édifiée sur le principe de la raison toute-puissante ?

Ses écrits esthétiques seront fortement influencés par cette problématique. Il écrira : « Après Auschwitz, c'est un acte de barbarie que d'écrire un poème ».
Adorno se résout cependant à retourner en Allemagne après la guerre car il se sent investi d'une mission au sein de la vie politique et intellectuelle de la jeune République Fédérale.

En tant que musicologue, il suit très activement la vie musicale de l'après-guerre, s'intéressant à la musique de Pierre Boulez et Olivier Messiaen, mettant la jeune génération en garde contre le sérialisme intégral, les conservatismes et les dogmatismes en général. Il est également connu pour avoir insisté sur le caractère selon lui réactionnaire du jazz. Ses monographies sur Alban Berg, Gustav Mahler, Richard Wagner influenceront plusieurs générations de compositeurs et musicologues. Ses écrits musicaux reposent tous sur la volonté d'unir étroitement la réflexion esthétique à l'analyse des œuvres, pour laquelle il s'efforce de ne pas appliquer à l'œuvre un schéma qui lui serait extérieur.

En tant que compositeur, il écrivit dans un style très influencé par celui de Berg. On lui doit notamment une adaptation lyrique inachevée du Huckleberry Finn de Mark Twain.
Sa participation à la vie politique de la RFA fut entravée par des désaccords avec la gauche allemande. Lors des événements de mai 1968, ses étudiants prirent pour prétexte son élitisme culturel pour le ridiculiser en le taxant de complicité avec le pouvoir bourgeois. Lors d'un de ses cours, des étudiantes montèrent sur l'estrade en exhibant leurs poitrines dénudées. Il fut profondément affecté par cet événement, expliquant que l'attitude des étudiants avait pour objectif de susciter chez lui une réaction de bourgeois s'offusquant à la vue d'un sein.

Idées principales :

- L'exploitation des animaux par l'homme est une des origines de la violence.
- Le monde contemporain est contradictoire car travaillé par les antagonismes du capitalisme.

L'art authentique est celui qui rend compte de ce caractère conflictuel par la dissonance.

- Plus généralement, la pensée d'Adorno est centrée sur une critique — au sens fort — de la Raison qu'il associe au terme Aufklärung (Lumière en allemand), au sens où celle-ci est à la fois considérée comme émancipatrice et dans le même temps comme instrument de domination : « Aufklärung ist totalitär ». Sans pour autant verser dans l'irrationalisme ou la mystique, il se réclame d'une forme de rationalisme : il s'agit d'une critique de la raison au nom même de la raison bien comprise.

- Adorno critique très sévèrement ce qu'il appelle « l'industrie culturelle » (terme qu'il préfère à celui de « culture de masse », impropre et trompeur dans la mesure où il laisserait entendre que les masses sont les vraies productrices de cette culture, alors qu'elles en sont, selon Adorno, les victimes) dont surtout la musique dite "populaire". Il considère que la musique populaire moderne n'a plus rien de vraiment populaire, qu'il s'agit uniquement de produits conçus par de grandes entreprises pour une consommation de masse. Ainsi, pour lui les différences de goût et d'identité perçus dans la musique populaire ne proviennent que de l'aliénation et l'invention d'une fausse individualité, dans une société où toute vraie individualité est écrasée.

- Les Études sur la personnalité autoritaire : Adorno part de l'hypothèse que les convictions politiques, économiques et sociales d'un individu forment un modèle cohérent, comme si elles étaient reliées par une mentalité ou un esprit qui est l'expression profonde de sa personnalité. Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le fascisme en germe.

Œuvres principales :

 La psychanalyse revisée (suivi de L'allié incommode de Jacques Le Rider, éd. L'Olivier, 2007.
 Kierkegaard. Construction de l'esthétique (1933).
 Le Caractère fétiche dans la musique et la régression de l'écoute (1938).
 La Dialectique de la raison (avec Max Horkheimer, 1944).
 Des étoiles à la terre (analyse de la rubrique astrologique du Los Angeles Times).
 Philosophie de la nouvelle musique (1948).
 Essai sur Wagner.
 Gustav Mahler : une physionomie musicale.
 Alban Berg : le maître de la transition infime.
 Introduction à la sociologie de la musique.
 Théorie esthétique.
 Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée, éd. Payot-Rivages (poche), 2003.
 Prismes (1955).
 Trois études sur Hegel (1957).
 Notes sur la littérature (1958). (Extraits)
 Jargon de l'authenticité (1965).
 Modèles critiques (1963-1965).
 Dialectique négative (1966).
 Théorie esthétique (posthume, 1970).
 Ecrits sociologiques (posthume, 1971).
 Études sur la personnalité autoritaire, (1950) rééd. Éd. Allia, 2007
 Correspondance Walter Benjamin, Gershom Scholem, éd. Aubier Montaigne, 1992.
 Sur Walter Benjamin.




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